La Tradition catholique en Yvelines et Val d'Oise

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TEMPS DU CARÊME

  1. Le Carême est un temps de jeûne et d’abstinence, institué pour honorer et imiter le jeûne de Notre-Seigneur dans le désert et nous préparer par la pénitence à la grande fête de Pâques.

Le jeune du Carême (de quadragésime, quarantaine) commence le mercredi des Cendres, dure 40 jours et se termine le Samedi Saint à midi.

Saint Jérôme fait remarquer que ce nombre 40 est généralement celui de la peine, de l’affliction, de la pénitence. Les eaux du déluge tombèrent pendant 40 jours et 40 nuits ; Moïse et Elie se préparèrent à s’approcher de Dieu, le premier sur le Sinaï, le second sur l’Horeb par un jeûne de 40 jours ; en punition de leurs murmures, les Juifs errèrent pendant 40 ans dans le désert; enfin Notre-Seigneur voulut se soumettre aux rigueurs d’un jeûne de 40 jours pour nous donner un exemple à imiter.

  1. Le jeûne du Carême serait d’institution apostolique. Sa durée et le temps sur lequel il s’étendait varia beaucoup au cours des premiers siècles, comme on l’a vu à propos de l’origine du temps de la Septuagésime.

A Rome, vers le VIIIe siècle, aux six semaines de jeûne qui précédaient Pâques (dimanches exceptés, ce qui donnait 36 jours) on ajouta les quatre derniers jours de la 7e semaine avant Pâques, pour parfaire le nombre de 40 jours de jeûne. Cette pratique est aujourd'hui universelle dans l’Église romaine, excepté dans l’Église de Milan qui a conservé l’ancien usage : son jeûne com mence le lundi de la Quadragésime et dure 36 jours.

  1. Le Carême n’est pas seulement un temps de jeûne et d’abstinence, auxquels tout le monde, à cause de l’âge ou de la faiblesse, ne peut pas se livrer, mais un temps de pénitence, de prière et de recueillement.

C’est cette idée de sainte quarantaine de vie chrétienne plus intense, de retraite spirituelle, qui dominait, lorsque, à l’origine, le premier dimanche de cette quarantaine fut appelé Quadra gésime, c’est-à-dire 40e jour avant Pâques. Ce dimanche était bien le 40e jour, non pas avant le dimanche de la Résurrection, mais avant le vendredi de la mort du Sauveur, car au IIIe et au IVe siècles les fêtes pascales comprenaient, comme dit saint Augustin, « le très saint triduum du Sauveur crucifié, mis au tombeau et ressuscité ».

La Secrète du dimanche de la Quadragésime nous rappelle, en effet, qu’à l’origine, le mot sainte quarantaine s’appliquait au temps du Carême et non au nombre de jours de jeûne puisqu’on y lit : « Seigneur, nous immolons solennellement ce sacrifice au commencement du Carême... » De même, la récitation publique des Heures canoniales ne tient pas compte des quatre jours de jeûne qui précèdent ce premier dimanche du Carême, puisque les Vêpres continuent à se dire, jusqu’au samedi avant la Quadra gésime, à l’heure habituelle et non avant midi, comme en Carême.

  1. A partir du VIIe siècle au moins, les chrétiens de Rome, pendant le Carême, assistaient tous les jours à une Messe stationnale. C’est pourquoi le missel romain contient une messe pour chacun des jours du carême et l’indication de l’Église stationnale. Dans d’autres pays, comme en Gaule, ils n’y assistaient que le dimanche, le mercredi et le vendredi.

Ce n’est pas d’un seul coup que les Messes stationnales furent établies à Rome pendant la sainte Quarantaine. Il n’y eut d’abord, outre la station du dimanche, que celles des mercredis et des vendredis, comme dans les Gaules ; puis on y ajouta le lundi. Ces trois féries sont les seules qui aient un Trait à la messe, et toujours le même : « Domine, non secundum... Seigneur ne nous traitez pas selon les péchés que nous avons commis... » Bientôt on ajouta une Messe le samedi, puis le mardi. Ce ne fut qu’au VIIe siècle que les jeudis eurent leur messe stationnale, parce que, jusque-là, le jeudi avait été le jour consacré à Jupiter (c’était le dimanche des païens) et il ne fallait pas, par une cérémonie religieuse, paraître s’associer à leur fête.

A Rome, la Messe stationnale, en Carême, se disait après None, à 3 heures du soir ; elle était suivie des Vêpres et ce n’était qu'après, vers le coucher du soleil qu’on rompait le jeûne. Plus tard, la Messe et les Vêpres furent avancées et le repas fut porté à 3 heures, vers le XIIIe siècle, et à midi, vers le XIVe siècle.

  1. Il y a une Messe spéciale avec lectures et chants propres pour chacun des jours du carême, parce que l’Église comptait sur cette quarantaine pour instruire les fidèles et préparer les catéchumènes au baptême et les pénitents à l’absolution. C’est en effet la préparation des catéchumènes au baptême et des péni­tents au pardon qui forme le thème principal des lectures et des chants du Carême.

1° Dans les Évangiles, elle enseigne aux pécheurs qu’il n'y a de salut pour eux qu’en imitant le jeune de Notre-Seigneur, c’est-à- dire en faisant pénitence ; à tous, elle montre les heureux effets des sacrements de Pénitence et d’Eucharistie.

Elle rappelle les principaux enseignements et les grands faits de la vie publique du Sauveur: son sermon sur la montagne; ses nombreuses instructions sur le jeûne, la charité, le pardon des injures ; ses paraboles de Lazare et du mauvais riche, des vigne­rons homicides, de I’Enfant prodigue ; ses guérisons du serviteur du centenier, de la fille de la Chananéenne, du paralytique de la piscine probatique, de l’aveugle-né ; ses miracles de la multipli­cation des pains, des vendeurs chassés du temple, de sa marche sur les eaux, de sa transfiguration ; ses résurrections du fils de la veuve de Naïm, de Lazare.

2° La Préface qu’elle fait lire jusqu’au dimanche de la Passion parle des avantages du jeûne qui réprime les vices et engendre les vertus.

3° Aux Vêpres, elle chante l’hymne Audi benigne et aux saluts, dans plusieurs diocèses, l'Attende ; ces deux chants répondent bien aux sentiments de pénitence et de prière qui caractérisent ce saint temps du Carême.

  1. Aujourd’hui, les fidèles assistent rarement aux offices de la semaine et lisent peu les paroissiens publiés à leur usage, aussi, pour suppléer à ce défaut d’instruction, l’Église a-t-elle établi les stations de carême durant lesquelles les prédicateurs s’efforcent de préparer les chrétiens à se confesser et à faire une bonne communion pascale.
  2. Aux signes de tristesse et de pénitence de la Septuagésime: ornements violets, suppression de l'Alleluia, du Gloria in excelsis, du Te Deum, de l'Ite Missa est, l’Église ajoute encore pendant les offices du temps, à l’exception du dimanche Laetare (4e du Carême), l’interdiction de jouer de l’orgue et de mettre des fleurs sur l’autel ; elle enlève au diacre la dalmatique et au sous-diacre la tunique ; les jours de jeûne, après la Postcommunion, elle récite une oraison sur le peuple précédée de l’invitation à l’hu­milité : « Humiliez vos têtes devant Dieu ». La célébration solen­nelle des mariages est également interdite.

Autrefois les tribunaux suspendaient leurs travaux ; la chasse et la guerre étaient prohibées afin de consacrer le plus de temps possible à la prière et aux bonnes œuvres.

  1. En ce temps de pénitence, il n’y avait autrefois aucune fête de saints. Les Grecs ont conservé cet usage, car ils pensent que la célébration des fêtes est incompatible avec le jeûne ; ils ne font exception que pour les fêtes de l’Annonciation, 25 mars, et de saint Mathias, 24 février. L’Église romaine est moins rigou­reuse ; cependant elle n’en admet qu’un petit nombre, par respect pour l’ancienne coutume.

Les Grecs schismatiques poussent l’exagération jusqu’à pré­tendre que la communion sous les deux espèces est capable de rompre le jeûne. C’est pourquoi ils ne disent la Messe que le samedi et le dimanche, qui ne sont pas jours de jeûne. A la Messe du dimanche, le célébrant consacre six hosties, en con­somme une et garde les cinq autres pour les jours suivants, où ils ont seulement, comme les Catholiques le Vendredi Saint, une Messe des présanctifiés.

  1. Le Carême compte six dimanches qui sont désignés soit par le premier mot de l’introït, soit par le sujet de l’Évangile. (Voir le tableau ci-dessous.)

Dimanches

Noms tirés de l'Introït  

Évangile

1er Quadragésime

Invocabit

Tentation de Jésus au désert.

2e Dimanche

Reminiscere

Transfiguration de N.-S.

3e Scrutins 

Oculi

Jésus chasse un démon muet.

4e Mediana Rose d’Or

Lœtare

Multiplication de cinq pains.

5e Passion

Jésus accusé d’être blasphémateur et possédé.

6e Rameaux Pâques fleuries

Entrée triomphale de N.-S. à Jésuralem. Passion selon saint Matthieu...


Les jours les plus remarquables du temps du Carême sont : le mercredi des Cendres, le 4
e dimanche, le dimanche de la Passion, le dimanche des Rameaux, et les trois derniers jours de la Semaine Sainte.


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